L’analyse du contexte urbain de la place des Mosaïques
La place des Mosaïques se trouve au cœur du quartier d’affaires de Nice, le quartier des Arénas, en proximité directe avec l’aéroport international et au bout de la Promenade des Anglais, axe structurant la croissance urbaine du littoral niçois. Le quartier des affaires est un nouveau concept de parc d’activité périphérique à vocation tertiaire et directionnelle, introduit dans les années 1960-70 aux Etats-Unis. L’objectif est de recréer ex nihiloen périphérie la concentration directionnelle typique des CBD (Central Business District) nord-américains. Localisés de préférence sur les carrefours autoroutiers et dans des sites agréables, les quartiers des affaires sont conçus en rupture avec le tissu urbain environnant : verticalité et opulence de l’architecture, qualité paysagère du site, grande accessibilité inter-métropolitaine (gare TGV ou aéroport à proximité), le nouveau quartier des affaires est un objet de marketing territorial de la métropole, vitrine de sa modernité et argument d’appel pour l’implantation des sièges sociaux d’entreprise. Comme la cité des Moulins, le quartier des Arénas se situe dans une position stratégique su sein de la métropole azuréenne, contribuant (à la différence de la cité HLM) à l’émergence de la nouvelle centralité périphérique niçoise à l’embouchure du Var. La position du quartier des affaires est en réalité encore plus avantageuse au sein de cet espace. Le quartier est ainsi directement longé par l’axe urbain de la Promenade des Anglais et l’autoroute, l’autoroute urbaine ainsi que la ligne de chemins de fer le desservent sur le côté nord, sans constituer une grande barrière vers le reste de l’espace urbain.
En réalité, en dépit des différences manifestes entre un quartier des affaires et une cité HLM, les ressemblances entre le quartier des Arénas et la cité des Moulins et, à leur sein, entre la place des Mosaïques et celle des Yuccas sont nombreuses. La place des Mosaïques, comme celle des Yuccas, est complètement entourée par son quartier et ne se projette nullement sur les axes urbains qui entourent ce dernier. La Promenade des Anglais au sud et l’avenue René Cassin au nord entourent complètement un grand ilot, sur une moitié duquel est construit le quartier des affaires. Le caractère presque autoroutier de ces deux artères de l’ouest niçois rend les échanges piétons avec les quartiers environnants particulièrement difficiles. Même les connexions avec l’aéroport et la gare SNCF deviennent alors particulièrement problématiques. D’autre part, comme dans la cité des Moulins, aucune rue interne au quartier des Arénas ne se prolonge dans les quartiers environnants, contribuant à accentuer sa situation d’insularité. L’accessibilité au quartier des affaires est alors conçue essentiellement par rapport à l’automobile, pour lequel un grand parking souterrain est aménagé sous la place des Mosaïques. Selon une configuration typique de l’urbanisme de dalle, la place devient alors un espace piéton mis à l’abri des flux de véhicules et accessible seulement par des cheminements piétons (exception faite de voies de desserte technique). La place perd ainsi toute capacité de s’insérer visuellement et symboliquement dans les flux de mobilité qui structurent la ville. La grande capacité du parking visiteurs marque cependant la volonté des concepteurs du quartier et de la place de faire de ces derniers des éléments attracteurs de flux au niveau de l’ensemble urbain et métropolitain.
Comme déjà dans le cas de la cité des Moulins, le parcellaire du quartier est extrêmement lâche, signe de modalités d’interventions urbanistique particulières (maitrise d’œuvre publique pour la cité HLM, ZAC publique/privée réalisée en plusieurs tranches pour le quartier des affaires). Dans les deux cas, les bâtiments du quartier ne s’alignent pas sur les rues internes, créant un tissu urbain discontinu très différent des configurations traditionnelles de la ville de Nice. Au sein du quartier, la situation de la place des Mosaïques est en revanche bien différente de celle de son homologue dans le quartier des Moulins. La place n’est pas isolée, mais relié à un système d’espaces publics. À l’ouest, deux cheminements la relient à la petite place Galaxie, à l’est, le passage par un bâtiment à forme d’arche permet d’accéder à la place des Arénas, vaste parvis mal délimité mais traversé par une rue du quartier et à son tour connecté au Parc Phoenix, complexe contenant un parc floréal sous serre, un jardin public et un musée. Au nord, la place permet un accès visuel au Bd René Cassin car le terrain qui la borde est actuellement en friche.
En conclusion, le choix du site d'implantation du quartier des affaires s'est fait en fonction de la proximité d'un réseau de voies et d'équipements à l'échelle métropolitaine (autoroutes, aéroport). Entourée par le quartier, la place des Mosaïques est donc au cœur d'un réseau de voies structurant l’espace métropolitain et participe à la création d’une nouvelle centralité urbaine dans l’ouest niçois. Cependant, le paradoxe tient au fait que la place ne suit pas ce rayonnement (voir les contraintes urbanistiques que nous avons évoquées ci-dessus), ce qui en fait une place somme toute secondaire au sein de la ville, place de quartier, même si d’un quartier des affaires. Les faiblesses de l’insertion urbanistique de la place des Mosaïques au sein de l’espace urbain niçois deviennent évidentes dans la comparaison avec les schémas de l’urbanisme niçois du Conseil d’Ornement. Par rapport à ces derniers, les quartiers de l’embouchure du Var ont gardé uniquement les axes de la maille et les places secondaires intérieures à la maille, perdant autant la trame fine et interconnecté assurant la continuité entre un quartier et l’autre, que les grandes places interfaces entre les mailles.
Figure 2.26 : La place des Mosaïques à l'échelle du quartier |