La dégradation des sols dans le monde

La dégradation des sols dans le monde

IV LE BILAN DES CONSEQUENCES DE LA DEGRADATION DES SOLS

Sur le long terme, la perte en productivité du sol est le problème le plus grave. La ressource ne se remplace pas et les gains dans d'autres domaines (génétiques notamment) ne remplacent pas la superficie perdue chaque année. Ce problème est particulièrement grave dans les pays pauvres qui n'ont pas les moyens de mettre en place des systèmes de gestion à la hauteur des dèfis.

Les problèmes hors-sites ont généralement des impacts à plus courte durée. Il est plus facile d'effectuer le dragage d'un port que de restaurer un sol. Cependant, ce sont les dégâts hors-sites qui génèrent le plus d'intérêt parce qu'ils provoquent souvent une dépense immédiate et mesurable : les frais de dragage d'un port se chiffrent facilement et provoquent un sursaut de la part de ceux qui les payent. Que vaut la perte d'1 cm de terre sur 10 ans ? Il est aujourd'hui très difficile de chiffrer la valeur de la perte en terre. De plus, conserver le sol représente un gain sur le long terme, alors que dresser la liste des problèmes hors-sites représente un gain immédiat.

Beaucoup de pays pauvres se situent dans des zones semi-arides et humides tropicales où les caractéristiques des climats sont plus extrêmes (longues périodes de sécheresse, orages à très forte intensité, pluies annuelles très élevées ou faibles...). La plupart des pays riches se situent dans une zone où les caractéristiques pluviométriques sont moins extrêmes. Le milieu naturel des pauvres est peut-être donc déjà plus sensible à un dérangement que le milieu tempéré des riches.

Aux facteurs naturels présents dans les pays pauvres s'ajoutent des conditions humaines aggravantes : une pression démographique plus importante, une répartition inégale des terres où un faible pourcentage de propriétaires riches dans les pays pauvres possédent les meilleures terres pour des cultures destinées à l'exportation tandis que les pauvres se concentrent sur des terres marginales (pentues, rocailleuses, maigres...) (Consulter l'Essentiel Land ownership, pouvoir et pauvreté).

De manière générale, l'érosion provoque plus de problèmes dans les pays pauvres et les mêmes types de problèmes sont souvent plus graves que dans les pays riches :

  • La perte de productivité est plus lente dans le milieu tempéré et est en partie compensée par des apports d'engrais plus importants et des variétés génétiques plus performantes. De plus, dans ce contexte, la perte touche surtout à la marge des profits ; dans les pays pauvres, la perte en productivité influence la qualité de vie et dans certains cas même la survie de la population.
  • La pollution du milieu aquatique par les pesticides est étroitement liée aux déplacementx des sédiments et de nombreux pesticides toxiques et illégaux dans les pays riches sont encore utilisés dans les pays pauvres. La législation environnementale est moins rigoureuse et les produits moins chers. L'impact sur le milieu est d'autant plus néfaste.
  • Des problèmes de sédimentation sont fréquents dans les pays pauvres et absents dans les pays riches. En général les bassins versants de barrages/réservoirs dans les pays riches sont fortement protégés. Dans les pays pauvres, il est souvent impossible de maîtriser l'occupation du sol sans le déplacement de milliers, voire de dizaines ou de centaines de milliers, de personnes. Dans les pays secs, ces points d'eau, au contraire, attirent les population et le bétail provoquant une érosion aggravée là où elle est pose le plus grand risque de sédimentation.